Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

René Peoc'h et ses poussins

Introduction - où l'on passe du coq à l'âne pour en arriver aux...poussins

"Ca va daller" !
Non ! Ce n'est pas une faute d'orthographe mais bien le titre de la chanson de Freddy Tougaux, un belge, dont le succès a probablement dépassé ses propres espérances. Vous pouvez écouter cette chanson encourageante en cliquant ici, mais là n'est pas notre objet.

Le sujet qui nous intéresse, nous allons y arriver tout doucement, non sans avoir encore fait un détour, histoire de se remonter le moral au besoin, par une vidéo qui nous a été suggérée par notre partenaire de l'Est, New Belgaria (et plus précisément par notre Présidente d'Honneur pour les pays de l'Est, Mme Svetlana Popova, dont il n'y a plus à vanter les qualités depuis belle lurette !) Le film en question fera peut-être l'objet de critiques de votre part, néanmoins il mérite d'être reconsidéré. Beaucoup de choses insoupçonnées se cachent là derrière ! Le secret

Les plus sceptiques parmi vous diront sans doute : quelle blague ! Je me suis fait une entorse ce matin, pensez-vous que je l'ai demandé ? Et les plus malins penseront par exemple "pensée positive", à ne pas confondre avec la psychologie positive. Si vous désirez saisir la différence entre ces deux expressions, suivez donc notre lien. D'autres penseront méthode Coué". Il est évident que l'on pourrait multiplier les propositions.

Quoi qu'il en soit, vous disposez à présent des conseils et il ne vous reste plus qu'à les expérimenter.
C'est de fil en aiguille, au bout d'un long périple, que l'on arrive à se poser certaines questions. En admettant que la théorie soit exacte, est-ce que cela ne voudrait pas dire que, d'une certaine manière nous pourrions agir de manière plus ou moins inconsciente (et donc plus ou moins consciente), à partir de notre mental, de notre volonté, de nos sentiments, appelez ça comme vous voulez, sur la sphère extérieure ? Par extension, y aurait-il une possibilité quelconque d'influence de l'esprit (nous parlons ici de l'esprit humain et non des esprits de l'au-delà !) sur la matière et/ou sur le hasard ?

Voilà certes une question bizarre, à laquelle tant de gens sont tentés de répondre, a priori : non ! Mais non, pardi ! Comment le voudriez-vous ? C'est impossible !
Hé bien ! Cela reste à voir !
Et c'est là que nous allons enchaîner avec un sujet, mignon comme tout mais sur lequel vous ne verrez certainement pas immédiatement le rapport (et c'est vrai qu'il ne saute pas aux yeux !): les poussins !
Là ! Avouons que vous vous frottez les yeux et que vous vous demandez si vous avez bien lu. Le cheminement de cet article est tellement déconcertant (on passe de Freddy Tougaux et sa chanson-sketch "Ca va daller" à une proposition apparemment délirante, on pose une question qui ne l'est pas moins et on arrive "tout naturellement" aux poussins : il faut le faire !) que vous vous dites : "Et puis quoi encore ?"

Afin de répondre à vos interrogations, nous signalerons tout d'abord que le sujet est beaucoup moins absurde que vous le supposez. Cela démarre en effet à partir d'une certitude exprimée par un prix Nobel (Konrad Lorenz), cela se poursuit par une thèse de doctorat, continue dans la controverse et la critique de la critique. Cela aboutit peut-être à une argumentation en faveur de l'une de nos hypothèses concernant un cas extraordinaire. Excusez du peu !

Pour mieux comprendre les propos qui vont suivre, nous vous invitons à prendre connaissance du concept de l'empreinte. Pour avoir une meilleure conception de la problématique et de la proposition principale (et initiale), vous aurez tout ce qu'il vous faut dans la thèse de doctorat de René Peoc'h. A défaut d'explications et de conclusions de notre part (lesquelles vont suivre), vous avez de la lecture !

Venons en aux faits

Comme vous avez pu le voir, il est donc question de "psychophysique", un terme que, dans le cas présent, on peut rapprocher de la "psychokinétique", pour autant que le mot existe mais qu'importe, le trait d'union est fait et la question posée : les poussins du désormais docteur Peoc'h influençaient-ils les déplacements - en principe aléatoires - du tychoscope et, dans l'affirmative, comment cela se faisait-il ?
On s'en doute, pour René Peoc'h, la réponse était "oui". Et l'on ne doute pas un seul instant que les milieux zététiques, la réponse ne pouvait être que "non" ! Sauf que, bien entendu, cette négation ne pouvait être que très ferme et, de préférence, assortie de propos ironiques, histoire de bien faire enfoncer le clou (comme l'aurait dit Jésus-Christ). C'est que les zététiciens semblent souvent éprouver le besoin de se comporter comme de puissants herbicides en considérant que toutes les herbes sont mauvaises, en oubliant donc les herbes médicinales (ou les belles pelouses !), en se moquant bien de l'impact que cela pourra avoir sur la carrière de l'individu le cas échéant. Or, précisément, même alors que les intentions peuvent être bonnes, voire louables (car qui sortira de l'ombre les phénomènes inexpliqués si ce ne sont les parapsychologues, les enquêteurs de l'étrange et autres mordus du mystère qui essaient, souvent sincèrement, d'y voir plus clair ?) le travail est bien souvent sanctionné par un verdict sans appel, lequel s'appuie sur la notoriété scientifique, la réputation des intervenants bardés de diplômes, le rôle des médias, etc. Voilà qui était donc bien méchant, nous semble-t-il, à l'égard de quelqu'un qui terminait à peine ses études. En fait de tremplin vers l'avenir, on a vu mieux !

Cela dit, ce qui est juste est juste et si les expérimentations de Peoc'h étaient entachées d'erreurs, on ne pouvait pas non plus se permettre de les valider. C'est justement ce qui nous a fait tiquer : d'un côté cet acharnement à nier la validité des expériences de Peoc'h, que l'on peut très bien lire dans le livre de Jacques Léon Theodor : "Les Fraudeurs du Savoir" (anciennement "Un regard normal sur le paranormal" (Editions Matière Grise) et puis, de l'autre, cette fin contradictoire (au moins en apparence) qui consistait à écrire au Comité du prix Ig Nobel, pour que le Dr Peoc'h puisse être nominé en vue de l'obtention de ce prix... L'astuce réside dans le fait qu'il s'agit du prix Ignatius Nobel et non Alfred Nobel et que le premier est "le prix de l'infâmie", un prix dont on se passerait donc volontiers. Bis repetita.
Mais donc, quelles étaient les objections des zététiciens ?
Avant d'en débattre, nous vous proposons de visualiser le genre d'expérience dans la vidéo ci-dessous. René Peoc'h : l'esprit agit sur la matière
(Source : ARTE, via Youtube.)

Jacques Léon Théodor entame notamment sa critique avec une citation de Simon de Laplace :
"Nous sommes si éloignés de connaître tous les agents de la nature et leurs divers modes d'action qu'il ne serait pas philosophique de nier les phénomènes uniquement parce qu'ils sont inexplicables dans l'état actuel de nos connaissances. Seulement, nous devons les examiner avec une attention d'autant plus scrupuleuse qu'il paraît plus difficile de les admettre."
Il nous est facile de reconnaître le bienfondé de cette citation. D'une certaine manière, il y a moyen d'y rétorquer la traduction de la phrase d'Hans Blix qui évoquait la recherche d'armes de destruction massive en Irak :
"Si vous croyez aux sorcières et que vous commencez à les chercher, vous les trouvez et chaque balai est une preuve de leur existence".
Là aussi, on peut être d'accord, d'autant que l'histoire l'a semble-t-il démontré. Mais en même temps cela signifie aussi que l'on trouve toujours un bon bâton pour battre son chien, que si l'on veut s'en débarrasser on dira qu'il est enragé. Entre autres, si les Etats-Unis cherchaient des armes de destruction massive en Irak, chacun imagine bien le prétexte qui cachait un autre objectif : le pétrole.
Il ne faut pas toujours chercher loin pour trouver les réelles motivations, celles-ci sont souvent financières et se dissimulent sous au autre vocable qui fait roucouler (ou gronder, c'est selon) les scientifiques : subsides.
Mais trêve de digressions et voyons les arguments majeurs contre la thèse de René Peoc'h, puisque - dès le départ - il est hors de question de remettre en cause les avancées de Konrad Lorenz à propos de l'imprégnation des poussins. Signalons aussi que le phénomène attendu a bien eu lieu, comme attendu, à savoir que le tychoscope s'est dirigé vers les poussins à raison de 2.5 fois plus que ce que lui autorisait le hasard.
Rappelons aussi que le minimum de scientificité impliquait un nombre "suffisant" d'expériences reproduites avec des résultats semblables et que ce dernier a forcément du être satisfait dans l'optique de la thèse, faute de quoi cette dernière n'avait - à l'avance - aucune chance d'être acceptée. Poursuivons donc en montrant comme on le voit sur la vidéo que Peoc'h a poursuivi ses expériences et que celles-ci se sont soldées par le même résultat. Pour une fois, on ne pourra donc - en tous cas - pas lui reprocher de ne pas avoir satisfait à la sacro-sainte reproductibilité exigée par les scientifiques. Seulement voilà, cela ne suffit pas non plus...

Il est notamment reproché à René Peoc'h de ne pas avoir présenté sa candidature au test du grand prix-défi zététique qui, à l'époque, "récompensait" de 200 000 euros (!) toute personne qui aurait été capable de présenter un phénomène paranormal, à la condition bien sûr de satisfaire aux examens très stricts d'expérimentateurs patentés agissant avec des protocoles sévères, etc. Plutôt qu'un long discours, nous vous proposons de trouver la réponse détaillée en cliquant sur ce lien (A noter que nous avons, de longue date, copié cette page dans nos fichiers, en de multiples exemplaires sauvegardés en externe, craignant trop que la page disparaisse un jour. Tout arrive...)

Peoc'h aurait également dit qu'il aurait été difficile d'assister à l'une de ses expériences, étant donné que celles-ci nécessitaient quelques 700 itérations réparties sur un an. Cela paraît évidemment suspect aux scientifiques, alors que le cadre de reproductibilité a déjà été satisfait, qu'il ne s'agit pas d'un refus mais d'une réelle difficulté (les scientifiques et autres zététiciens emmènent-ils leurs casse-croûte et leurs lits de camp ou bien le sujet testé doit-il subvenir, comme il nous l'a été rapporté, au grand dam de son portefeuille ?) De toute façon, la question ne se pose guère car ces mêmes scientifiques (vis-à-vis desquels nous maintenons, envers et contre tous, toute notre confiance, pourvu qu'ils ne soient pas aussi trop bornés) trouvent d'autres chefs d'accusation. Ainsi, si certains ont l'impression que les "paranormaliens" cherchent systématiquement à se soustraire aux équipes que l'on peut qualifier de rigoureusement scientifiques, d'autres ont celle que les anti-paranormaliens font tout pour discréditer les premiers, même au prix des coups les plus tordus, avec des apparences de scientificité.

Il est d'ailleurs assez contradictoire de ne pas taxer Peoc'h de volonté frauduleuse tout en sous-entendant qu'il aurait voulu faire coller ses expériences aux impératifs statistiques. L'étape suivante aurait été de remettre les statistiques en cause en prétextant, comme on peut le resservir dans l'autre sens d'ailleurs, que l'on peut leur faire dire ce que l'on veut, y compris son contraire. Nous ne sommes donc pas au bout de la liste des contradictions !

Une autre contradiction se trouve dans l'apparente insuffisance de contrôle à la fois du matériel et des protocoles. Bien le bonjour aux membres du jury pour ce petit camouflet au passage et qu'en est-il du travail de thèse, que nous vous avons soumis, qui explique notamment le fonctionnement détaillé du tychoscope et les conditions d'expérimentations, jusqu’au type de poussins utilisés ?
Nous relevons aussi "qu'aucune expérience répertoriée dans l'histoire de la science n'a jamais suggéré que l'esprit ait pu avoir une influence sur la matière". Voilà qui est très probablement exact : avant que l'on ne fasse une découverte, la chose n'était pas connue !

On pourrait par contre multiplier les exemples dans lesquels tant l'esprit populaire que la science se sont (lourdement) trompés ! Il y a de quoi rire, un peu comme le hibou Archimède dans "Merlin l'Enchanteur", avec un petit clin d'oeil aux frères Wright.

Bien évidemment, on n'allait pas en rester à ces considérations. Même pour nous, il est bon de le dire, la proposition de René Peoc'h semblait difficile à croire. Il faut se rendre compte de l'énormité de la question : "l'esprit de poussins venant d'éclore serait capable d'influencer les déplacements d'une machine soumise à un dispositif qui lui induirait des mouvements aléatoires et donc, ces volatiles seraient capables d'influencer, par le fait même, le hasard" ! Il faut bien dire que c'est gros !
Parmi les soupçons, citons :
1) Les résultats avaient été infléchis. C'est-à-dire qu'ils auraient été volontairement trafiqués, comme cela arrive parfois aux meilleurs scientifiques (voire inconsciemment, parce que, par exemple, ils croiraient à de sporadiques artefacts ou mauvais fonctionnements, etc.)
Nous ne pouvons hélas pas le vérifier bien que nous disposions de la totalité des chiffres (comme vous si vous avez lu les pages précédentes) Par contre, il est permis de juger, aujourd'hui encore, des tracés relevés sur base des déplacements du tychoscope.

A ce propos, nous notons que l'auteur de l'expérience a l'honnêteté de reconnaître que certains tychogrammes sont parfaitement conformes au hasard et ne présentent donc pas de particularité. Il pourrait s'agir d'une savante stratégie "d'os à rogner" pour feindre l'honnêteté, d'accord. Mais que dire alors des autres tracés qui eux, supérieurs en nombre, sont parfaitement conformes à la thèse ? Ils ne comptent pas ? Ou plutôt ils ne compteraient plus puisque, apparemment, la science se désintéresserait du phénomène ?
2) Le tychoscope aurait été équipé d'un appareillage de sonoguidage ou de thermoguidage. C'est-à-dire l'appareil aurait été conçu pour réagir soit aux tchip-tchip des poussins, soit à leur chaleur naturelle. C'est évidemment une possibilité de fraude. Donc, dans ce cas, ce dispositif frauduleux n'aurait pas fonctionné lorsque les tychogrammes étaient conformes au hasard et René Peoc'h aurait bien de la suite dans les idées, jusqu'à débrancher le dispositif malicieux afin d'obtenir des tracés normaux qui le contredisaient, "pour faire plus vrai"... Bien sûr, on aura tout vu dans ce bas monde et l'on ne peut écarter cette éventualité. Nous vous laissons seuls juges.
3) Il pourrait se présenter un effet de coin. Dommage que ce soit de poussins dont il s'agit, sinon nous aurions peut-être pu dire : "un effet de coin coin". Mais redevenons sérieux et reconnaissons que nous avions remarqué nous aussi certaines failles dans le système. Tout d'abord la proposition d'une surface rectangulaire ne nous semblait pas appropriée, en fonction de l'endroit où les poussins auraient été placés. D'autre part, nous remarquons dans la vidéo que l'enclos des poussins se trouve, décalé, du côté de l'angle de la surface où se déplace le tychoscope. Nous sommes donc tentés de dire que cela fausse les résultats en ne les rendant plus strictement aléatoires. Ce point est cependant contesté par la fondation Odier ainsi que dans la critique de la critique de l'analyse statistique de M. Triboulot, de Pierre Macias.
Apparemment donc, ici encore, la critique se casserait la figure (même la nôtre !)
Qu'avons-nous d'autre sur le feu ?
4) Si la théorie était exacte, alors que son niveau de plausibilité en neurophysiologie est nul, cela bouleverserait tous les principes physiques. Meuh non ! Évidemment, on peut citer cet exemple de la ménagère qui, s'en allant faire ses courses, achèterait des fruits qu'elle pèserait sur la balance mise à la disposition des clients. Son esprit agirait alors sur la matière et falsifierait le résultat tout en soulageant son portefeuille. Cette analyse est ridicule. Pourquoi ?
Parce que - d'un côté - il s'agit de poussins et donc de gallinacés sans rapport avec l'homme, un mammifère. On a déjà remarqué aussi "certaines" différences entre le comportement des éléphants et celui des poissons rouges. On peut donc se permettre d'extrapoler et de subodorer que les choses ne se passent pas exactement de la même manière dans l'esprit des uns et des autres.
De l'autre, parce que le rapport entre l'empreinte du poussin selon Konrad Lorenz par rapport au tychoscope est également "légèrement différent" de celui de la ménagère par rapport à la balance.
Entre autres, disons aussi que l'on peut raisonnablement penser que la plupart des ménagères n'espèrent pas modifier le résultat de la balance par l'action de leur esprit. L'un de leurs premiers soucis serait plutôt de vérifier si l'aiguille est bien à zéro, s'il y a assez de marchandise et que cela ne coûte pas trop cher. Nul doute en revanche que, le cas échéant, elles essaieraient.
Désormais, si vous voyez - dans un grand magasin - un attroupement de dames qui se concentrent devant la balance (méfiez-vous : certaines pousseront peut-être le bouchon jusqu'à faire "tchip-tchip" !), vous saurez pourquoi !

Plus sérieusement, pour autant qu'elle se révèlent exactes, les expériences de Peoc'h ne seraient que précursives à une étude beaucoup plus fouillée de phénomènes potentiellement beaucoup plus consistants. En effet, dans le cas présent, il ne s'agit que d'influencer, d'une manière somme toute minime, le comportement aléatoire d'un tychoscope. Il n'est pas question de procéder à tout un déménagement par la seule force de la pensée, le piano à queue y compris !
Mais force est de constater qu'avant d'en arriver là, il y a encore bien du chemin. Surtout que l'on a voulu, dès le départ, et si j'ose dire, tuer l'hypothèse dans l'œuf...
Le scepticisme est une excellente chose, assurément.
Mais l'excès de scepticisme nuit au scepticisme.